Le 7 mai, le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires Christophe Béchu a récompensé trois chercheurs dans le cadre du prix de thèse ministériel pour leur travail en lien avec les thématiques du développement durable, de l’adaptation au changement climatique et de la protection de la nature et de la biodiversité.

Les lauréats de la première édition du prix de thèse du ministère de la Transition écologique ont été reçus à l’hôtel de Roquelaure (7ème arrondissement de Paris) le 7 mai par le ministre Christophe Béchu, l’occasion pour celui-ci de « rappeler le lien qu[’il faut] systématiquement faire entre les décisions politiques et l’éclairage scientifique qui est donné ». Ce prix s’adresse aux titulaires d’un diplôme de doctorat de moins de deux ans qui ont effectué une thèse sur l’un des sujets traités par ce ministère. Les 151 dossiers de candidature ont été examinés par un comité scientifique présidé par Valérie Masson-Delmotte, coprésidente du groupe 1 du Giec de 2015 à 2023, puis par un jury de l’administration composé de l’ancien commissaire général au développement durable Thomas Lesueur, du chef de l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable Paul Delduc et du secrétaire général du ministère Guillaume Leforestier. 

Alice Maison a remporté le premier prix pour sa thèse sur la « Modélisation des impacts des arbres sur la qualité de l’air de l’échelle de la rue à la ville ». Contrairement à une idée répandue, les arbres plantés en ville n’améliorent pas systématiquement la qualité de l’air ambiant et peuvent être source de problèmes en limitant l’écoulement des polluants dans les rues canyons, ces rues étroites bordées par des rangées ininterrompues d’immeubles. D’après les simulations réalisées par la chercheuse sur la ville de Paris pendant l’été 2022, la présence d’arbres avec un grand houppier dans les rues très fréquentées par les voitures augmenterait jusqu’à 37% la concentration de dioxyde d’azote (NO2) dans l’air. Alice Maison, qui a rejoint cette année le Laboratoire de météorologie dynamique (LMD), recommande aux élus locaux d’appliquer des critères en lien avec la qualité de l’air pour la gestion des arbres urbains, et de tailler les arbres ou de réduire le trafic lorsque la pollution atmosphérique est trop élevée.    

Comment sauver les espèces d’oiseaux d’eau menacées d’extinction par le réchauffement climatique et la montée des eaux ? En créant des aires protégées sur les zones humides les plus exposées à ces risques. C’est l’idée défendue par Fabien Verniest, post-doctorant au Cesco – Centre d’écologie et des sciences de la conservation – et lauréat du deuxième prix pour sa thèse sur « Les apports des méthodes d’évaluation de l’exposition aux changements climatiques et d’usage des sols à la planification des aires protégées - le cas des oiseaux d’eau hivernant en méditerranée ». A partir des données issues du comptage annuel des oiseaux d’eau et des projections climatiques utilisées par le Giec, le chercheur a identifié 490 zones humides non protégées dans lesquelles les oiseaux risquent d’avoir des difficultés à s’adapter à une augmentation des températures, et 145 zones humides non protégées et exposées au risque de submersion marine. Fabien Verniest espère que ses travaux orienteront la mise en place de mesures de protection des zones humides dans le bassin méditerranéen, notamment dans les pays du Maghreb où l’attention portée à ce sujet reste faible. 

Maël Ginsburger, chercheur postdoctoral au Cresppa-LabTop – Centre de recherches sociologiques et politiques de Paris –, a également obtenu le deuxième prix pour sa thèse intitulée « L’écologie en pratiques. Consommation ordinaire et inégalités en France depuis les années 1980 ». Alors qu’une norme écocitoyenne valorisant la sobriété et dépréciant le consumérisme s’est peu à peu imposée dans la société, Maël Ginsburger montre que les styles de vie des ménages français restent d’abord influencés par les conditions matérielles d’existence telles que le revenu, la profession, le lieu de vie, etc., et reflètent rarement un souci de conformité à cette norme. Ainsi, les ménages socialement exclus, pauvres, plutôt jeunes et urbains, se démarquent des autres ménages par des styles de vie plus sobres. 

Le jury a décerné des accessits à Ugo Javourez pour son travail d’évaluation des bénéfices environnementaux de la valorisation de la biomasse résiduelle en aliments ; à Clément Surun pour une thèse portant sur la prise en compte de l’enjeu environnemental dans la comptabilité nationale ; à Maurizio D’Anna pour sa thèse sur la modélisation de l’évolution du trait de côte sableux.    

TLF