Figurant parmi les nominés l’année dernière, l’architecte Simon Teyssou a été nommé cette année lauréat du Grand Prix de l’urbanisme.

Elevé dans le Cantal, diplômé de l’école d’architecture de Clermont-Ferrand qu’il dirige aujourd’hui, c’est aussi dans le Cantal que Simon Teyssou a implanté son Atelier du Rouget. Il s’attache à revaloriser des cœurs de bourgs, pour « mieux les habiter » dans une perspective pluridisciplinaire, multiscalaire et opportuniste, en faisant l’inventaire de ce qui peut être transformé plutôt que démoli.

Attaché au « ménagement » des territoires, il milite pour l’investissement des architectes dans des transformations spatiales modestes et ayant pourtant un impact considérable sur la transformation des territoires. « De mon point de vue, les grands projets urbains sont révolus », affirmait-il lors du Grand Prix 2022. « Dans les territoires ruraux et périurbains on expérimente déjà un urbanisme d’acuponcture, fait de petites choses, un urbanisme de fragments qui pourrait être riche d’enseignements pour les métropoles dans la mesure où les temps sont de plus en plus incertains. Après une période de flux, on inaugure une période de reflux qui consiste à reconquérir les territoires anthropisés. […] Demain, des territoires entiers que l’on a qualifiés de ‘diagonale du vide’ seront hautement désirables » de par leur capacité de résilience.

Simon Teyssou figure aussi cette année parmi les lauréats du Global award for sustainable architecture 2023, pour lequel il a délivré le message suivant : « Les projets que nous menons ne peuvent se comprendre que dans leur relation au territoire. Il s’agit de laisser de côté la signature et de se ranger dans la continuité des lieux. Dans les centres-bourgs, nos projets d’espaces publics remettent les voitures à leur place, rouvrent des vues vers le grand paysage, donnent plus d’épaisseur aux seuils des maisons ou encore fabriquent des micro-architectures pour abriter les poubelles, petit patrimoine d’aujourd’hui, au même titre que le four à bois était celui d’hier. L’action se limite parfois à une “opération de soustraction” plutôt que de construction : suppression de limites opaques, de plantations stéréotypées, de mobilier urbain désuet. Cette soustraction est capable à elle seule d’améliorer le territoire commun. Il s’agit d’optimiser chaque euro investi pour offrir, à partir du besoin exprimé au départ – souvent technique – une réponse qui donne des dimensions supplémentaires. » (MCV)