Pour la maire d’Eysines, précédemment vice-présidente de la Métropole en charge des stratégies urbaines, « nous vivons un moment tout à fait critique, avec différentes crises qui se succèdent et qui ont soulevé un certain nombre de changements dans l’esprit de nos habitants : le rapport à l’environnement, à la nature, à l’espace s’exprime de plus en plus alors que la question qui se pose à nous est : comment accueillir dans un espace de plus en plus contraint ». Le département de la Gironde accueille chaque année 20 000 nouveaux habitants qui pour une grande partie souhaitent se loger dans la métropole. « C’est le défi majeur de l’accès au foncier », souligne Christine Bost qui entend appuyer la stratégie foncière sur les outils tels que le Scot et le PLU, sur la capacité financière métropolitaine pour constituer des réserves foncières (sur son budget ou avec le soutien de l’Etablissement public foncier de Nouvelle Aquitaine), mais aussi sur la reconstruction de la ville sur la ville : « sur la métropole de Bordeaux l’ère des grandes opérations d’aménagement est maintenant derrière nous. Nous devons réfléchir à de nouvelles formes urbaines mais aussi à l’acceptation par ceux qui sont déjà là de l’arrivée de nouveaux habitants ou de nouvelles entreprises, avec l’impact que cela aura notamment sur la question des mobilités ».

« Nous regrettons assez fortement que les recommandations issues des travaux du CNR Logement n’aient pas été suivies d’effets et de transcriptions législatives et réglementaires, notamment sur la question de l’encadrement des prix du foncier », pointe Stéphane Pfeiffer. La stratégie bordelaise est fondée sur deux impératifs : « la question sociale avec le besoin de se loger, et la nécessité d’adapter nos villes au changement climatique. Dans un premier temps, après notre élection, nous sommes allés mettre le nez dans les opérations en cours et sur lesquelles on avait encore la possibilité d’apporter des modifications (Brazza, Bastide Niel…), où l’on a augmenté la part de logement social mais aussi la part d’espaces verts. Un deuxième temps a consisté à identifier où construire du logement – il reste quelques zones avec du foncier disponible et déjà artificialisé, comme la Jallère ou le centre commercial de Bordeaux Lac. Pour enfin faire la transition vers le renouvellement urbain du tissu bâti ». Ce volontarisme se traduit aussi dans le label Bâtiment Frugal Bordelais, dont la version 2 « ajustée » a été présentée le 11 mars. Parmi les premiers constats, deux ans et demi après le lancement du label : les opérateurs désartificialisent (entre 20 et 30 % sur les parcelles), « avec des projets de grande qualité paysagère : quasiment tous les opérateurs immobiliers viennent maintenant nous voir avec des paysagistes ». Ils réfléchissent à l’intégration dans leurs immeubles de réponses aux besoins du quartier. Et l’élu est convaincu que « ce label rendra un certain nombre d’opérations beaucoup acceptables car il va amener les opérateurs immobiliers à s’inscrire dans une conception renouvelée : il y a de plus en plus de projets avec des logements traversants ou pluri-orientés, et une amélioration de la qualité d’usage à l’intérieur-même des logements ».

Porteuse de la démarche « Métropole à vivre », Christine Bost place la qualité du logement parmi les objectifs à atteindre, « pour que les habitants se sentent bien sur notre territoire ». Elle soulève « une question légitime et saine que nous devons tous nous poser : est-ce que ce que l’on fait va dans la bonne direction ? La Métropole toute seule a-t-elle la bonne pensée ? Comment on associe, on intègre, on réfléchit avec ? Il s’agit d’essayer de construire une culture commune, pour répondre à deux enjeux majeurs : la question de la vulnérabilité de notre territoire et celle de la vulnérabilité des hommes et des femmes ». Un manifeste sera proposé en ce sens dans quelques semaines « et j’espère que nous pourrons maintenir la mayonnaise créée avec les différents acteurs du territoire et que l’on restera dans un dialogue permanent avec tous ceux qui font la ville, et les habitants ». (MCV)